La régression du sommeil de 0 à 3 ans concerne tous les parents. A un moment donné, votre bébé/enfant faisait ses nuits ou tout du moins enchaînait plusieurs cycles sans vous solliciter et, tout à coup, il pleure beaucoup au moment de l’endormissement, pendant le coucher, vous appelle plusieurs fois la nuit, lutte au moment de la sieste ? Serait-ce une régression du sommeil ?

Tous les enfants passent par des régressions du sommeil, c’est normal. Le sommeil n’est pas linéaire. Comme je l’explique dans l’article “Quand bébé fera t-il ses nuits ?”, un bébé en santé qui évolue bien fera ses nuits entre 6 et 18 mois, c’est-à-dire qu’il parviendra à ce moment-là et régulièrement à enchaîner de lui-même plusieurs cycles et dormir 6 à 8h sans intervention parentale. Mais il y aura aussi des phases de régression ! Comment se manifestent-elles ? A quoi sont-elles dues ? Comment comprendre la régression du sommeil chez votre bébé ? Et comment réagir pour accompagner au mieux votre enfant ? C’est en tant qu’experte en sommeil du jeune enfant que je réponds ici à toutes ces questions.

Régression du sommeil : vraiment une régression ?

La phase de régression est en réalité quelque chose de bien plus positif qu’on ne l’imagine. Elle est très souvent liée à l’acquisition d’une nouvelle compétence, sur le plan psychomoteur et/ou cognitif. Elle correspond en fait à de véritables “pics de développement” ! Et oui, au quotidien, votre enfant expérimente et mémorise tout ce qui se passe. Il se bâtit des représentations du monde, son cerveau créer des milliers de connexions, surtout pendant le sommeil agité/ paradoxal. De temps en temps, son cerveau fait un bond évolutif important, une sorte de “mise à jour” : votre enfant se réveille alors avec un appareil cérébral différent pour percevoir, analyser, se repérer et agir. Le monde qui lui était devenu familier a changé et évolué “rapidement”, ce qui est particulièrement déroutant pour lui !

Ces pics de développement s’accompagnent donc d’une certaine agitation et irritabilité. Pendant cette phase de développement, votre enfant enchaîne plus difficilement ses cycles de sommeil. Ce n’est pas vraiment qu’il se réveille plus durant la nuit mais plutôt qu’il loupe le ré-endormissement. Gardez cela en tête : votre enfant n’est pas en train de régresser mais bien d’acquérir de nouvelles compétences ! Il a donc besoin de revenir plus régulièrement vers sa ou ses figures d’attachement, à “son port d’attache”, même pendant la nuit.

Savoir reconnaître la régression du sommeil

Vous souhaitez savoir comment se manifeste la régression du sommeil ? Vous ne pourrez pas passer à côté ! Les régressions du sommeil associées à des pics de développement se produisent de façon inattendue, sans aucune cause apparente. Vous observez que votre enfant demande plus de co-régulations avec vous, plus de tétées s’il est allaité, plus de sollicitations alors que ses habitudes n’ont en rien changé. Il ne s’agit pas de tétées supplémentaires pour augmenter la production maternelle car le calibrage de l’allaitement ne se fait pas « en escalier » (A l’inverse des quantités données au biberon qui, elles, augmentent, par palier). Une régression du sommeil dure quelques jours et tout rentre dans l’ordre ensuite. L’important est de rester à l’écoute de votre enfant pendant cette période. Vous identifierez peut-être la cause une fois l’acquisition visible… Vous vous direz alors « c’était donc pour cela ! ».  Différentes choses peuvent impacter le sommeil de votre enfant au cours de ses premières années de vie.

Comment éviter la régression du sommeil ?

On ne l’évite pas mais on l’accompagne ! Vous l’avez compris, il ne s’agit pas vraiment d’une régression mais plutôt d’une progression. Bien sûr, en tant que parents, les sollicitations nocturnes peuvent être mal vécues/ générer de la fatigue. Il est parfois difficile d’enchaîner une nuit entrecoupée de réveils longs avec une longue journée de travail ! Il y a quelques attitudes que vous pouvez adopter pour l’accompagner et l’aider dans cette phase. Si votre rituel du dodo est de qualité, continuez-le surtout. Évidemment, gardez une posture parentale cohérente et  rassurante. Continuez à porter attention aux signes de fatigue et soyez détendus, parlez à votre bébé/enfant. Les enfants sont des éponges. Plus vous appréhendez le coucher, plus il risque d’être difficile pour vous et votre enfant. Il existe des outils de régulation du stress, comme la cohérence cardiaque, qui peuvent être particulièrement précieux pendant ces phases de régression/progression.

Quelles sont les différentes régressions du sommeil ?

Pendant les deux premières années, votre enfant va énormément évoluer  sur le plan psychomoteur et cognitif et le sommeil peut en être impacté. Vous observerez sans doute différentes “régressions” au fur et à mesure qu’il grandit :

  • Vers 3 semaines : à cette période, bébé s’éveille et “perd” le sommeil par immaturité. Entre la naissance et l’âge de deux mois, le nourrisson vit sur un rythme ultradien, marqué par l’alternance interaction-veille-sommeil.  Vous pouvez proposer des siestes à la lumière du jour ou en promenade et noir total la nuit pour faciliter l’acquisition progressive du rythme circadien.

 

  • 4 mois : Vers l’âge de 4 mois, votre bébé commence à dormir davantage la nuit que le jour, il lui faut passer par une étape de sommeil calme lors de l’endormissement. Aussi, après 4 mois, il est fréquent que le moindre changement autour de lui le réveille juste après qu’il se soit assoupi. Pendant cette période, votre bébé s’éveille, et prend de plus en plus de plaisir à entrer en interaction avec vous et son entourage. Il devient sensible aux rythmes et aux donneurs de temps, peut éprouver plus de difficulté à s’endormir à la lumière du jour. Vous pouvez lui donner un petit coup de pouce en proposant les siestes dans la pénombre. Rituels, donneurs de temps, routine du dodo sont les bienvenus dès cet âge là ! Ils permettent à l’enfant de mémoriser et d’anticiper ce qui lui arrive, ce qui est très rassurant. Chaque enfant se développe à son propre rythme, cette régression du sommeil peut donc arriver vers 3 mois et demi comme vers 5 mois. Vous verrez aussi beaucoup d’articles passés sur internet, promouvant l’endormissement autonome. Sachez que ce n’est pas du tout une fin en soi ! Le sommeil est tribal et communautaire et notre culture occidentale l’a parfois un peu trop oublié. Un enfant qui est accompagné au moment de l’endormissement est tout à fait capable d’enchaîner ses cycles la nuit.
  • Entre 8 et 9 mois : On a tendance à penser, peut-être à tord, que cette période est particulièrement marquée par ce qu’on appelle “L’angoisse de la séparation”. La réalité est plus complexe et mérite d’être explicitée.  On a longtemps pensé qu’il existait une fusion maman-bébé telle que le bébé n’était pas en mesure de distinguer son corps de celui de sa mère avant un certain âge. Or, le cerveau du bébé, dès sa naissance, distingue ce qui est son corps et ce qui est extérieur à son corps. Vers 8 mois, l’enfant parvient cependant à distinguer les visages familiers des visages inconnus et partir de 6-9 mois, il établit sa fameuse « base de sécurité » : il distingue et hiérarchise ses figures d’attachement. Dès lors, il réagit différemment à la séparation. Il est désormais en capacité de différencier les visages et d’identifier les visages nouveaux. Ces grandes évolutions dans sa relation à l’autre peuvent générer des “régressions” du sommeil.

 

  • 12 mois :  Vers l’âge d’un an, il se passe beaucoup de choses dans le développement des bébés :  ils apprennent à se tenir seuls pour la première fois, font peut-être leur premiers pas…Aussi, Certains bébés passent naturellement de trois à deux siestes par jour vers cet âge là. Encore une fois, ces changements peuvent générer des régressions du sommeil.

 

  • 18 mois//2 ans et demi : A cet âge, la personnalité et la parole s’affirment, le “non” et le “pas dodo” font leur entrée.L’enfant peut paraître nerveux au moment du coucher, pleurer lors des séparations et rechercher beaucoup plus les bras en journée. C’est aussi l’âge où des peurs peuvent survenir en journée ou au moment du coucher. Il faudra alors trouver la bonne posture pour reconnaître les peurs, leur faire de la place sans les amplifier.
    Vers 3 ans : Acquisition de la continence, premiers moments à l’école, arrivée d’un autre bébé à la maison…Différentes nouveautés peuvent expliquer la régression de votre enfant.

 

Quand s’arrête la régression du sommeil ?

La régression du sommeil d’un bébé est temporaire. Elle disparaîtra progressivement au bout de quelques jours. Il vous faut garder à l’esprit que cette phase ne durera pas et tenter de rester au plus près de votre rythme habituel avec des horaires réguliers en ce qui concerne les siestes, le repas du soir et le coucher. La régression n’a rien à voir avec une éventuelle inefficacité du rituel ! Lors des consultations, beaucoup de parents me confient avoir initier de nouveaux changements, persuadés de « mal à faire » ou cherchant parfois aussi à « poser leurs limites » à leur enfant. Les points de repères connus et reconnus par l’enfant le rassure, tout comme une posture parentale cohérente de la part de son ou ses parents. Enfin, lorsqu’il s’agit d’une nouvelle acquisition, laissez évidemment l’enfant évoluer et pratiquer celle-ci et  montrez lui et dîtes-lui que vous avez remarqué ces changements positifs.

Et si ce n’était pas une régression du sommeil ?

Si les problématiques de sommeil durent depuis la naissance ou depuis plus de deux mois, il est sans doute pertinent de consulter pour retrouver un équilibre et une sérénité autour du sommeil. Les parents ont-ils mis en place un conditionnement autour du sommeil ? L’enfant est-il acteur d’une “corégulation parentale” ? Quelles sont les réelles causes à l’origine des difficultés rencontrées ?  vous pouvez réserver une consultation téléphonique afin de découvrir comment je peux vous aider. Aussi, si vous souhaitez en savoir plus sur mon approche, je vous invite à découvrir l’interview de MyLizy.

 

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