Vous trouverez dans cet article mon analyse sur la question de l’endormissement autonome du bébé et de l’enfant basée sur mon expérience en tant que spécialiste du sommeil de l’enfant, animatrice Faber et Mazlish et experte en communication interpersonnelle pour petits et grands.

Beaucoup de croyances sont véhiculées autour de l’endormissement autonome, présenté souvent sur les réseaux ou sur les sites de certains consultant(e)s en sommeil comme le saint graal absolu ! Certains parents tenteront de laisser leur enfant pleurer 5, 10 puis 15 minutes pour parvenir à terme au sommeil autonome puis, faute de croire vraiment en cette méthode, reprendront finalement leur enfant dans leurs bras (ouf!). Si vous voulez connaître mon avis sur la méthode 5-10-15, je vous invite à lire l’interview que j’ai donné à MyLizy. Les méthodes qui préconisent d’alterner entre une absence et une présence et donc de « laisser pleurer » leur bébé seul sur des durées strictes sont un non sens complet, pour l’enfant, le parent et le lien qui les unit.

L’endormissement autonome du bébé et de l’enfant, un but à atteindre ?

Déjà, il est important de savoir que l’endormissement est un processus autonome. Toutes les actions que les parents mettent en place autour du coucher visent non pas à endormir bébé, ce n’est pas possible, mais à l’apaiser. Même quand un enfant s’endort dans les bras d’un parent, il s’endort seul. L’endormissement autonome, tel qu’on l’entend, est en fait autre chose. Il s’agit de la capacité d’un enfant à s’endormir dans son lit sans que ses parents ou d’autres personnes n’interviennent.

L’endormissement autonome du bébé et de l’enfant signifie donc que les parents peuvent poser leur enfant dans son lit puis partir sans que celui-ci ne les rappelle. Dans cette situation, l’enfant ne compte pas sur une intervention extérieure pour s’apaiser. Cela signifie que l’enfant a acquis la compétence de s’auto-apaiser pour s’endormir, compétence qui reste acquise, bien que moins visible, pendant les phases crampon/ pics de développement où l’enfant appelle davantage ses parents pour se rassurer. Cette compétence de régulation peut se développer grâce à une posture parentale cohérente et structurante. Chaque enfant est différent, chaque parent aussi. Souvent, j’invite les parents à observer ce que sait faire leur enfant pour s’apaiser au moment de l’endormissement. C’est très bénéfique car, en portant son attention sur ce que son enfant est capable de faire, le parent réalise souvent que son bébé peut aussi produire ses propres rituels. La confiance en lui grandit.

L’endormissement autonome permettrait-il d’enchaîner les cycles la nuit ?

Se trouver dans un lieu différent de celui de l’endormissement peut être déroutant pour certains enfants. Lorsque votre bébé s’endort dans vos bras, il peut y avoir un côté déstabilisant de se réveiller ailleurs que là où il s’est endormi. Certains enfants s’endorment en tétant et peuvent continuer à réclamer fréquemment le sein la nuit, à chaque micro-réveil. Avant de conseiller aux parents de tendre vers un endormissement plus autonome, il convient d’aller questionner un peu les parents sur le besoin de succion de leur enfant, où en est l’allaitement à l’amiable, comment la séparation se vit en journée et quelles techniques l’enfant dispose pour s’auto-apaiser en journée comme la nuit, quel est le contexte médical… Oui, le paysage d’endormissement peut impacter la suite de la nuit mais…Pas forcément ! Il y a d’autres causes aux réveils nocturnes. C’est là toute la plus-value d’une consultante en sommeil et c’est pour cette raison que je me suis outillée avec des bases solides –physiologie, rôle du sommeil, évolution – et avec une démarche de soin qui permet de mener un entretien de qualité avec les parents.

Le problème, c’est qu’il existe aujourd’hui beaucoup de « spécialistes » en sommeil qui proposent aux parents un coaching onéreux pour amener leur bébé à accepter, progressivement ou radicalement, l’endormissement autonome. Si on applique cette méthode sans analyse fine et globale de la situation, parfois c’est un « coup de chance » (délétère pour l’enfant, le parent et la relation qui les unit) et ça fonctionne… Mais parfois pas.

Endormissement autonome, une réalité plus complexe

En réalité le paysage d’endormissement ne conditionne pas obligatoirement l’enchaînement des cycles la nuit. Le tempérament de l’enfant y joue pour beaucoup ainsi. Les bébés émotionnellement et sensoriellement plus réceptifs sont plus sensibles à leur environnement et tolèrent moins les changements autour du paysage d’endormissement. Maintenant, c’est autre chose avec les enfants qui présentent des perturbateurs d’endormissement, physiques ou émotionnels, rendant le passage en mode parasympathique (apaisement) plus difficile. Pour ces enfants-là, il existe évidemment des solutions afin qu’ils puissent (re) trouver des nuits apaisées…

Un bébé qui parvient à s’apaiser dans les bras, au sein ou autrement, qui est en santé et en sécurité, dont le développement psychomoteur et général est bon … Peut parvenir tout à fait à se ré-endormir de lui-même la nuit, tant qu’il retrouve des repères sensoriels rassurants. Pour un tout petit, ce peut être proche des parents, en cododo pour un plus grand , ce peut être dans sa chambre, avec sa tétine, son doudou, une faible lumière… : il les a mémorisés, c’est rassurant pour lui, il sait où il est et il peut enchaîner ses cycles.

Pour ou contre l’endormissement autonome ?

Le problème c’est que beaucoup de consultant(e)s en sommeil ne prennent pas la peine de faire une évaluation sérieuse avant de donner des conseils, tous les bébés sont alors mis dans le même panier avec une interdiction valable pour tous : « Jamais-ô-grand-jamais-ne-les-endormez-dans-vos-bras-ou-au-sein »

Petite aparté sur les tétées de nuit : elles sont indispensables au début, anormalement prolongées et même multipliées quand le bébé a un ou plusieurs perturbateurs, parfaitement normales dans certaines cultures et bien vécues par les mères, non-tolérées au delà de X mois, X kilos, à en croire les avis péremptoires des « spécialistes » de l’autonomisation précoce, et aussi, parfois vecteur de ral-le-bol chez la mère, ce qui est parfaitement entendable aussi…

L’équilibre doit être trouvé entre maternage et autonomie progressive de l’enfant. Un enfant peut s’endormir seul. Certains bébés sauront s’endormir sur leur matelas dès la naissance. D’autres auront besoin de plus de temps. Ce n’est pas vraiment une histoire d’âge mais aussi et surtout une histoire de contexte favorable ou non, et de bon moment, pour le bébé/bambin, comme pour ses parents. Il peut y avoir des facteurs qui perturbent l’acceptation à s’abandonner au sommeil, que ce soit au niveau médical et/ ou émotionnel.

Et chez vous comment se passe l ‘endormissement? Est-il serein ? Est il accompagné ? Est il tous les jours identique ? Est-il autonome?
J’accompagne les parents à mettre du sens et de la confiance dans leur accompagnement parental.
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